Polémique photovoltaïque à Mas-d’Auvignon

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À Mas-d’Auvignon, charmant village cerné par les vallons gersois, entre Fleurance et Condom, l’association de protection du village de Mas-d’Auvignon et de ses paysages est vent debout depuis 2019 contre le projet d’un agriculteur de mettre en place une centrale photovoltaïque de près de 9 ha sur un terrain de 24 ha. Au milieu, la municipalité, qui n’en peut mais. Dernier épisode de ce feuilleton commencé en 2019, la délibération du conseil le 31 mai, qui s’oppose au projet, pendant que l’association des "anti" faisait le piquet devant la mairie.

"Nous sommes nombreux à ne pas vouloir de ce projet, explique l’une des opposantes. Depuis les élections, la municipalité, qui était partagée, a changé d’avis. Elle a voté non à l’unanimité lors de la délibération." Pour l’association, le champ de panneaux, à 600 m de l’église, route de la Sauvetat, va défigurer le paysage. "Il s’agit de panneaux qui montent à 4 ou 5 m de haut. Ça équivaut à un lotissement de 300 maisons, c’est aussi grand que le village, c’est complètement démentiel !"

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Polémique photovoltaïque à Mas-d’AuvignonPolémique photovoltaïque à Mas-d’Auvignon 0Photo DDM illustration

Environnement, Mas-d'Auvignon, Gers Publié le 10/06/2021 à 05:12 , mis à jour à 09:03 l'essentielEntre les défenseurs du paysage gersois, les agriculteurs tentés par l’aventure du photovoltaïque et les pouvoirs locaux, le torchon brûle à Mas-d’Auvignon.

À Mas-d’Auvignon, charmant village cerné par les vallons gersois, entre Fleurance et Condom, l’association de protection du village de Mas-d’Auvignon et de ses paysages est vent debout depuis 2019 contre le projet d’un agriculteur de mettre en place une centrale photovoltaïque de près de 9 ha sur un terrain de 24 ha. Au milieu, la municipalité, qui n’en peut mais. Dernier épisode de ce feuilleton commencé en 2019, la délibération du conseil le 31 mai, qui s’oppose au projet, pendant que l’association des "anti" faisait le piquet devant la mairie.

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Voir la démo Inspired by "Nous sommes nombreux à ne pas vouloir de ce projet, explique l’une des opposantes. Depuis les élections, la municipalité, qui était partagée, a changé d’avis. Elle a voté non à l’unanimité lors de la délibération." Pour l’association, le champ de panneaux, à 600 m de l’église, route de la Sauvetat, va défigurer le paysage. "Il s’agit de panneaux qui montent à 4 ou 5 m de haut. Ça équivaut à un lotissement de 300 maisons, c’est aussi grand que le village, c’est complètement démentiel !"

Le projet prévoit 8 à 9 hectares de panneaux photovoltaïques sur des coteaux situés à quelques centaines de mètres du village.Le projet prévoit 8 à 9 hectares de panneaux photovoltaïques sur des coteaux situés à quelques centaines de mètres du village. Photo DDM FC Union contre le projet L’association compte de nombreux résidents britanniques ou hollandais, qui vivent là à l’année. "Ils font vivre ce village, ils ont leur mot à dire. D’autant que cette installation va faire perdre 30 % de leur valeur aux maisons." La mairie a transmis à la préfecture du Gers son refus du projet. Même si le maire, Max Roumat, est toujours gêné par le sujet. "Le projet a été présenté voilà 3 ans par Real Solaire, une société d’Agen. J’espérais que ça se calmerait. Mais il a été déposé il y a un mois et demi. On attend la réponse de la préfecture, mais il est normal que la municipalité soit informée et donne son avis." Terrain mouvant pour Max Roumat, qui ne voulait pas vraiment donner son avis jusque-là. "Mais mercredi soir, on avait 35 personnes devant la mairie. Quand on sait que dans le village, on est 180…"

Et puis ce sont des terres agricoles, "et l’environnement va être dénaturé, sans parler des maisons qui jouxtent le terrain. Si ça passe, y en a qui vont me tuer !" L’agriculteur porteur du projet, pas vraiment enchanté par la décision de la mairie, a exprimé son mécontentement au maire. Son idée est d’adjoindre aux panneaux un élevage de moutons, pour obtenir plus facilement l’autorisation. Il est resté injoignable. Déposé à la préfecture le 12 mai, le dossier est très incomplet. Il faudra un an minimum pour l’instruire, et que la préfecture donne son avis. "On nous parle de taxes qui devraient nous revenir, dit le maire, mais j’ai compris que ce serait très peu pour la commune !"

Un point que confirme le président de la Communauté de communes de la Lomagne gersoise, Xavier Ballenghien. "Les parcs comme celui-là, il y en a d’autres, comme à Saint-Clar, depuis la fin des années 2000, note l’élu. On nous avait promis monts et merveilles, mais les reversements de fiscalité sont très faibles." Contrairement à la plupart des dossiers, c’est l’Etat qui décide sur ces projets. S’il est favorable au photovoltaïque sur les bâtiments, les ombrières, Xavier Ballenghien est soucieux de la préservation des paysages du secteur. Et il ne voit pas d’un bon œil l’utilisation de terrains agricoles. "À La Sauvetat, à La Romieu, on a d’anciennes carrières, ou encore des friches. Mieux vaut utiliser ces surfaces que des terres cultivables."

Terres agricoles : le grand flou À la chambre d’agriculture, le dossier des panneaux photovoltaïques de Mas-d’Auvignon ne réjouit pas le président Bernard Malabirade. "On ne s’oppose pas à un projet particulier, on dit juste que les terres agricoles doivent être réservées à l’agriculture." La chambre d’agriculture gersoise a une trentaine de projets de cet ordre à l’étude, qui se revendique d’agriculture, d’agrivoltaïsme "mais rien n’est pour le moment défini d’un point de vue réglementaire". Aujourd’hui n’existent que deux classements possibles, incompatibles l’un avec l’autre. Soit un terrain est constructible, urbanisable, soit il est agricole. "À partir du moment où on demande le classement d’un terrain en zone urbanisable, il perd tous ses droits agricoles et inversement. Le fait d’installer des moutons n’y change rien ! Du moment qu’il y a des panneaux, c’est considéré comme urbanisé." Conséquence directe, la perte des aides de la PAC, et la seule production valable aux yeux de l’administration est la production électrique. "Contrairement à ce qu’avancent certains porteurs de projets, rien n’est défini. Ils cherchent parfois à les faire passer pour des projets agricoles, mais ce n’est pas vrai. Il n’existe pas d’agrivoltaïsme au niveau réglementaire, à part des sites expérimentaux, comme dans les Pyrénées-Orientales, où il y a des panneaux et de la vigne, mais là, les panneaux ne sont pas branchés." Ces expérimentations, Bernard Malabirade espère qu’elles permettront une évolution du cadre administratif. Pour le moment, la chambre du Gers s’attache à préserver autant que possible les terrains agricoles pour cet usage.

À la question de savoir si la chambre est opposée à ce remplacement des cultures par le photovoltaïque, Bernard Malabirade préfère parler des lieux mieux adaptés. "Pour l’instant, ça ne présente pas un grand intérêt : il y a suffisamment de développement à faire sur des terrains urbanisables, ou sur des toits." Mais la demande des agriculteurs, attirés par le profit engendré par la revente d’énergie, contraint la chambre à construire une doctrine. "Ce n’est pas un effet de mode, c’est rentable. C’est pour cela que la Chambre d’agriculture du Gers prépare des assises des nouvelles énergies au mois d’octobre, pour réunir l’ensemble des élus, des collectivités, des porteurs de projets, pour en débattre. Pas seulement le photovoltaïque, mais aussi la méthanisation, le bois énergie, etc. Nous allons essayer de poser les choses à plat."