Projet de parc photovoltaïque à Saucats : "Raser la forêt, une aberration" pour l'élu EELV Nicolas Thierry

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Alors que la concertation publique sur le projet de parc photovoltaïque à Saucats est attendue dans les prochaines semaines, il fait déjà grand bruit. Baptisé "Horizéo" et piloté par Engie et Neoen, il implique en effet de défricher 1.000 hectares de pins, à l'ouest de la commune du Sud-Gironde, pour installer les panneaux solaires.

L'association Sepanso, la fédération des chasseurs de la Gironde et certains élus ont donc fait part de leur opposition au projet. Parmi eux, Nicolas Thierry, l'actuel vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l'environnement et tête de liste EELV aux prochaines élections régionales. Entretien.

France Bleu Gironde : Quelle ligne allez-vous défendre lors des futures concertations sur le projet Horizéo ?

Nicolas Thierry : "Oui aux énergies renouvelables, mais pas dans n'importe quelles conditions. Là, c'est l'exemple même du projet qu'il ne faut pas faire. Donc nous allons nous concentrer sur le fait que l'on peut faire autrement, sans nuire à notre environnement. Raser 1.000 hectares de forêt, c'est une aberration."

Mais ce projet de parc photovoltaïque est écologique, puisqu'il doit générer énormément d'électricité verte ...

"Il ne suffit pas de qualifier un projet de "vert" pour qu'il le soit réellement. Et on sait le rôle que joue la forêt : elle capte du CO2, elle permet d'améliorer la qualité de l'air, de filtrer l'eau et elle abrite des espèces animales et végétales. Nous avons d'autres moyens de faire. Aujourd'hui, nous pouvons installer des panneaux photovoltaïques sur des zones déjà artificialisées, comme des parkings ou des zones industrielles délaissées. D'ailleurs, l'ADEME (l'agence de transition écologique) a publié un rapport sur le sujet en avril 2019. Le comble, c'est que les deux départements de France où il y a le plus de potentiel sont la Gironde et les Landes!"

Il faut que garder une forêt soit davantage rentable que de la détruire"

Si le projet voit le jour, Engie et Neoen vont devoir reboiser. Ce n'est pas une compensation suffisante ?

"Avant qu'une forêt de 1.000 hectares retrouve son visage initial, c'est extrêmement long. Ce serait donc des dégâts quasiment irréversibles, même en compensant ensuite."

Horizéo est un projet à un milliard d'euros, avec d'énormes retombées économiques attendues ...

"On pourrait avoir les mêmes retombées et les mêmes intérêts économiques avec plusieurs petits projets, dispatchés sur le territoire et sur des zones déjà artificialisées. Derrière le projet Horizéo, il y a des logiques financières. Si aujourd'hui, on ne dit pas à un industriel d'aller sur des zones artificialisées, il va aller au plus simple, quel que soit le prix écologique. Ensuite, les propriétaires vont toucher un loyer pour mettre à disposition leur terrain, évidemment bien supérieur au fait de ne pas louer leur parcelle de forêt. Quant aux maires, beaucoup y sont favorables, parce que la fiscalité que rapporte ce type de projet est considérable. Elle se compte en millions d'euros. Donc aujourd'hui, les pouvoirs publics doivent mettre en place des incitations financières pour que garder une forêt soit davantage rentable que de la détruire."