Au sud de Toulouse, un projet de centrale solaire de 32 hectares suscite l'inquiétude

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L’avenir de l’agriculture passe-t-il par le photovoltaïque ? Ces panneaux solaires destinés à transformer l’énergie en électricité ont le vent en poupe. La France des campagnes connaît un véritable essor de ces centrales solaires dont les projets durables sont largement encouragés par l’Etat.

Mais les lancements de ces chantiers à vocation écologiques suscitent souvent des inquiétudes. C’est le cas à Gratens, petite localité de 700 habitants, au sud de Toulouse, où une centrale solaire pourrait être installée sur un terrain agricole privé de 32 hectares, quartier du Barrau. Un collectif vient de se créer et la nouvelle équipe municipale en place exige des garanties et davantage de transparence sur ces installations portées par le groupe Enoé et pérennisées sur quarante ans. « Notre crainte c’est de se retrouver complètement débordé par des demandes de ce type et que d’autres projets voient le jour et essaiment partout », assure le maire de Gratens, Alain Dutrey.

Les panneaux solaires doivent être placés a environ 1,60 m du sol, sous un élevage de moutons pour une puissance de 18 mégawatts crête (Mwc), soit l’équivalent de ce que consomment, environ, 3 380 foyers. « Ces terres resteront agricoles, nous faisons simplement de la diversification pour continuer l’activité sans nuire à l’environnement », insistent les propriétaires de ces terrains dont le fils doit reprendre l’exploitation. Une famille installée à Peyssies, non loin de Gratens et qui s’est déjà lancée dans l’agrivoltaïsme, à Fontenilles, non loin de Toulouse.

"On est loin du gagnant-gagnant" « Là-bas, on poursuit notre activité avec des moutons pour qu’ils puissent sortir de leur hangar et paître dans les champs. Un lotissement doit même se construire tout près des panneaux. Il n’y a donc aucune nuisance à craindre. Nous pouvons comprendre les réticences de certains mais les agriculteurs ne font pas n’importe quoi… », défendent les propriétaires.

Le projet de Gratens doit encore recevoir la validation de la chambre de l’agriculture et de la mairie. Des études d’impact sur la faune et la flore sont également attendues. Dans cette affaire, le groupe Enoé cherche le compromis. « Le but est de placer les animaux dans de bonnes conditions en rendant service à l’agriculture pour pérenniser les exploitations », affirme Isabelle Decombeix. L’électricité recueillie par ces panneaux est redistribuée sur le réseau et revendu à d’autres gros consommateurs d’énergie sous forme de contrat de gré à gré.

Pour l’agriculteur qui accueille ces installations sur ses terrains, la manne financière n’est pas négligeable. Dans ce type de contrats, les gains sont fixés entre 500 et 1 500 € par hectares et par an. De son côté, la mairie perçoit la taxe d’aménagement, soit 20 000€ et 4 500€ tous les ans au titre de l’impôt foncier. Mais pour l’équipe municipale, « on est loin du gagnant-gagnant puisque cette électricité produite ne servira pas aux habitants de la commune », tempère-t-on. Des habitants dont la facture ne devrait pas être impactée par cette nouvelle production d’énergie. Dans le meilleur des cas, le projet ne devrait pas voir le jour avant deux ans.

source : LA DEPECHE